Le facteur humain au cœur de la stratégie de l’entreprise
Après 5 années de turbulences où les entreprises se sont polarisées sur leur cash notamment avec des interventions du médiateur du crédit voire du FSI ; après les plans de sauvegarde et ses outplacements, il est temps que l’Etat mette le facteur humain au coeur de la stratégie de l’entreprise afin d’accélérer la sortie de crise.
‘Cash is King’ dit l’adage. Cette vision anglo-saxonne a bien évidemment eu ses vertus ces derniers temps, quoique, mais a peut-être aussi atteint ses limites. Injecter des ressources financières à court ou long terme aura permis cette transition conjoncturelle et aura aidé à franchir cette période délicate. Est-ce suffisant aujourd’hui ?
Dans le triumvirat ‘capital-hommes-processus’, il semble que le facteur humain ait été sous-estimé, notamment en termes de talents et d’expertises. Les décideurs d’entreprises sont plus que jamais à la recherche d’accompagnement afin de les conforter et les challenger sur leur stratégie actuelle. Sur qui s’appuyer ? En amont, les hordes de consultants et en aval, des cadres intérimaires, deux exemples possibles d’outsourcing et d’apport de compétences. Ces flexibilités redémarrent fortement ces derniers mois, mais des interstices se dessinent, laissant la place à un management plus opérationnel et plus en prise directe avec la réalité du quotidien, véritable chaînon manquant de la conduite du changement.
Culturellement, l’entreprise française ne mesure pas encore bien cette tendance qui est de confier une partie des rênes à des managers externes ; le monde politique et le législateur non plus. Nos pays voisins, notamment du nord, l’ont assimilée depuis plusieurs années. Il est nécessaire que le chef d’entreprise apprenne à lâcher prise et à ne pas seulement confier audits et préconisations méthodologiques à des conseils externes, mais aussi à laisser mettre en musique et déployer les solutions par des experts opérationnels spécialement ‘câblés’ pour cela. Quel pourrait être le rôle de l’Etat en la matière ?
Une dynamique de Subventions Humaines
Un projet stratégique novateur, un retournement, une restructuration nécessitent bien entendu des aides financières et la mise en oeuvre de mécanismes globalement normés, connus, pour lesquels les pouvoirs publics communiquent et/ou agissent sur une partie de la chaîne. Leur rôle ne pourrait-il pas aller au-delà et y associer également des subventions humaines. N’est-ce pas là l’ultime rouage d’entrainement qui parfois manque au succès et à la sécurisation des parties prenantes ‘actionnaires/comité exécutif’ et financeurs ?
L’état Belge l’a intégré depuis 2009 et finance désormais certaines actions de cabinets de management de transition, du moins partiellement. (http://gouvernement.wallonie.be/interim-management). En France plusieurs acteurs pourraient également s’emparer de ce sujet (Oséo, ARD, Préfectures, CCI, Conseils régionaux, DDTE..), notamment dans leurs conventions de revitalisation trop souvent synonymes d’actions d’outplacement.
A titre d’exemple et depuis 2008, une action pilote de revitalisation expérimente in vivo sur le bassin d’emploi de Saint-Quentin en Yvelines/Vélizy-Villacoublay une trentaine d’actions d’accompagnement d’entrepreneurs sur des sujets stratégiques. Ces missions consistent à financer tout ou partie d’un Expert opérationnel sur plusieurs mois, intervenant aux côtés des dirigeants sur des problématiques financières, RH ou commerciales, et à les aider ainsi à franchir un cap. Le quotidien de ces managers à leur côté est excessivement pragmatique, le powerpoint étant volontairement interdit ; ils font et ne font pas faire et ont été à la place du dirigeant dans un passé récent, ce qui leur permet de parler le même langage et de se confronter.
C’est ainsi que les ¾ des dites actions menées se trouvent être de véritables révélateurs et amènent un oeil neuf, notamment grâce à l’effet miroir, mais aussi parce que les missions sont ainsi dénuées de parasites comme les jeux de pouvoir internes. Dans le cas présent, le but ultime est bien sûr la création d’emplois, sa pérennisation, voire sa non destruction. Autrement dit, augmenter la performance, conduire un changement ou endiguer et retourner une situation critique pour solidifier la société.
Au-delà de ces conventions de revitalisation, le tissu de PME/PMI national justifie pleinement l’apport d’expertises opérationnelles pouvant influer sur les stratégies. Les acteurs régionaux et nationaux peuvent comprendre qu’il y a aussi une voie complémentaire aux aides en cash, cette route vertueuse pouvant également répondre à la question de l’emploi de certains seniors, véritables managers de transition opérationnels. L’état peut donc faire mieux.