Leadership dynamique : une des qualités du manager de transition
La présence de leaders au sein d’une équipe, ou encore les qualités de leadership de l’entraîneur en place, sont perçues comme des facteurs essentiels à la dynamique de groupe destinés à favoriser les performances. C’est la raison pour laquelle le sujet est fréquemment débattu par le système sportif relayé par les médias : où sont les leaders du groupe en question ? Ce groupe en possède-t-il réellement ? S’agit-il de leaders spontanés, désignés ? Une équipe peut-elle réussir sans leader ? Un entraîneur sans qualité de leadership : peut-il assumer sa fonction de meneur d’hommes ? Peut-il atteindre les objectifs fixés ? Peut-il exercer la légitimité requise et susciter la confiance chez ses joueurs ?
La psychologie sociale qui désigne « L’étude scientifique de l’influence des sentiments, pensées et comportements des personnes par la présence effective, imaginaire ou implicite d’autres individus » (Jowett & Lavallee, 2008, p.V), s’est largement penchée sur la question du leadership. Les résultats nous laissent songeurs…
Au sens large, Barrow (In Weinberg & Gould, 1997, p.207) définit le leadership comme un « processus de comportement qui pousse les individus et les groupes à atteindre des objectifs fixés ». Par un processus d’influence sociale (le leadership), le leader facilite l’atteinte des objectifs du groupe auquel il appartient, tout en améliorant la qualité de vie du collectif. Weinberg & Gould (1997, p.208) raconte : « Un leader sait dans quelle direction va le groupe ou l’équipe et fournit les directives et les ressources pour l’aider à y parvenir. Les entraîneurs qui sont de bons leaders ne donnent pas seulement une vision des objectifs à atteindre, mais aussi une structure quotidienne, la motivation et le soutien pour transformer cette vision en réalité ».
Nombreux sont ceux qui souhaiteraient pouvoir identifier les leaders à coup sûr, comme un gage de réussite à venir. Cette quête est-elle raisonnable ? En effet, si nous savons identifier les leaders, déterminer les caractéristiques qui font de l’individu un leader est une tâche autrement plus complexe. Dans les années vingt, les tenants de l’approche selon les traits ont tenté l’aventure d’identifier les traits de personnalité partagés par les grands leaders du monde des affaires et de l’industrie. Selon eux, les traits de leadership seraient des dispositions stables de la personnalité (traits de personnalité universels) si bien que les leaders disposeraient de caractéristiques « intérieures » faisant d’eux des meneurs, quelle que soit la situation… Le monde du sport a cherché, dans cette optique, à faire émerger le profil de l’entraîneur idéal mais, fort heureusement d’ailleurs, aucun style de leadership « universel » n’a été identifié. Comment expliquer sinon la variabilité du statut de leader d’un individu en fonction des clubs, des groupes, des contextes ?
L’approche dite comportementale s’est penchée, quant à elle, sur les similitudes de comportement qui semblent favoriser un leadership efficace (comportements universels). Si l’approche selon les traits envisage que nous naissons leader, l’approche comportementale, elle, postule que nous le devenons. D’où l’intérêt de déceler les comportements efficaces pour exercer cette « fonction » afin de les enseigner.
L’absence de cohérence dans les résultats a raisonnablement mené les chercheurs à se tourner vers une approche interactive ou interactionniste dans laquelle le leadership est envisagé comme une relation entre des personnes dans une situation sociale spécifique. Ici, un leadership efficace s’ajuste au contexte et dispose d’une gamme de styles de leadership. Cette vision du concept explique plus justement les difficultés qu’éprouvent certains lorsque leur style de leadership est plus ou moins adapté en fonction des groupes…
Dans le domaine du sport, le Modèle multidimensionnel du leadership de Chelladurai (1980) est fréquemment mis en avant.
Par l’intermédiaire de son échelle, le modèle distingue cinq styles de comportements :
– deux styles décisionnels : le style autocratique et le style démocratique
– trois styles d’interaction : un orienté vers l’individu : le soutien social ; deux orientés vers la tâche : feedback positifs ; entraînement/instructions techniques et tactiques.
Les recherches s’appuyant sur ce modèle sont extrêmement nombreuses et démontrent la cohérence de ce dernier. Elles démontrent également l’incapacité réelle à prévoir sans faille si les qualités de leader d’un entraîneur ou de joueurs vont convenir au groupe en question et au contexte. Le style autocratique, tout comme le style démocratique, est aléatoirement adapté en fonction de la composition du groupe, des besoins des joueurs, de leurs personnalités, du sexe, du contexte, du niveau de pratique, de la culture… L’incertitude sera toujours de mise même si une étude sérieuse des travaux peut nous permettre d’éviter des erreurs grossières. Weinberg & Gould témoignent clairement : « Si l’entraîneur ou le meneur adopte des comportements qui conviennent à la situation et correspondent aux souhaits des membres, il en résulte des performances optimales et une satisfaction au sein du groupe. ( …) L’efficacité du leadership semble découler des qualités du leader, du style de leadership, des facteurs situationnels et des caractéristiques des participants ». (1997, p.223).
Comment prévoir cet ensemble de paramètres et leur capacité à s’associer harmonieusement afin que « le tout soit supérieur à la somme des parties » ? Quasi impossible. Nous sommes forcés d’accepter cette incertitude qui accompagne toute nouvelle relation entraîneur – entraîné, toute composition de groupe. Dans un désir de performance, nous souhaiterions maîtriser le phénomène, mais, bien heureusement, nous ne pourrons jamais anticiper la magie qui parfois se produit. Et il semble que cela soit plutôt rassurant. En effet, si ce genre de savoirs était accessible, serait-il utilisé à bon escient ? Et puis, si nous pouvions tout comprendre dans les moindres détails, tout reproduire, tout contrôler, tout cela aurait-il autant de sens ?